Le calme après la tempête

Projet réalisé en collaboration avec Éric LE GAL, Architecte D.P.L.G. à Saint-Nazaire

Le projet du port maritime était de construire un bâtiment de repos et de sommeil pour les marins du port qui travaillent sur les bateaux de dragage et d’hydrographie.

Le bâtiment est avant tout poétique ; il reprend nombres de références aux mondes de la mer, en essayant de ne jamais tomber dans le pastiche.

Le terrain est situé au pied du pont de Saint-Nazaire, derrière le centre sablier. Il s’agit d’un terrain plat, avec une zone végétale sauvage côté nord, séparant le terrain de la route départementale. La vue s’ouvre au sud sur la Loire, ses berges et le pont de Saint-Nazaire.

La mission de maîtrise d’œuvre nous a été confiée à Eric et moi-même, avec pour but de créer un bâtiment confortable, agréable à vivre et de haute qualité environnementale.

Notre démarche a été de nous inscrire au mieux dans ce paysage à forte dominante horizontale, en créant un objet poétique, et non une énième boîte décorée. Pour cela, nous avons travaillé un volume courbe en bois, matériau naturel par excellence, marquant un étirement par ses lignes horizontales. Ce volume de coque avec ses membrures nous a tout de suite permis de créer un grand ensemble brise-soleil, et par là-même de pouvoir consacrer de plus larges ouvertures aux chambres-bureaux des marins. Afin de limiter l’impact visuel du bâtiment et garder une présence végétale, nous avons décidé d’enterrer en partie le rez-de-chaussée derrière une dune, plantée de stipas. Un enrochement vient bloquer cet ouvrage et masquer la présence du parking depuis les chambres.

Le bâtiment est avant tout poétique ; il reprend nombres de références aux mondes de la mer, en essayant de ne jamais tomber dans le pastiche. Par exemple, le couloir du rez-de-chaussée laisse apparaître tous les réseaux et gaines techniques de ventilation, plomberie et électricité, comme dans une coursive de sous-marin. Le nom du bâtiment est écrit en police de caractère « NAVY », utilisée sur les coques des navires. Les coloris rouges et verts sont ceux des balises bâbord et tribord.

D’un point de vue purement fonctionnel, le bâtiment se divise en deux parties, jour et nuit, la partie jour est réservée à la restauration et à la détente, et la partie nuit accueille les chambres des marins. Ces chambres sont groupées par deux ; elles reçoivent un sanitaire commun avec douche et W.C. En complément, un lavabo individuel a été intégré dans le bureau de chaque chambre, masqué par un plateau relevable. Les parties jour et nuit sont desservies par deux épines dorsales, conçues comme des failles de circulations entre deux murs : la faille de l’entrée du bâtiment qui reçoit les escaliers est celle de la circulation verticale et la faille des couloirs du rez-de-chaussée et de l’étage, celle de la circulation horizontale.

D’un point de vue technique, le bâtiment a un fonctionnement original : une ventilation double-flux avec appoint de chaleur vient maintenir une température constante dans la partie nuit. Lorsqu’une chambre est utilisée, un petit appoint de chauffage vient faire complément des quelques degrés manquants. La production d’eau chaude est solaire, les capteurs étant visibles sur toute la longueur de la toiture. Les espaces communs reçoivent quant à eux un plancher chauffant pour plus de confort. L’ensemble du bâtiment a été étudié pour garantir un confort acoustique et une qualité de silence optimums dans les chambres des marins.

En résumé, on pourrait dire qu’il s’agit d’un bâtiment généreux : généreux par son architecture poétique et son inscription dans le paysage, et généreux par la qualité du confort offert aux marins.